TDAH : Quel parent transmet ce trouble ? Causes et solutions

Un enfant dont l’un des parents présente un TDAH a entre 40 % et 60 % de risques de développer ce trouble à son tour. La transmission ne suit pas toujours la logique héréditaire attendue : dans certains cas, la mère transmet davantage le trouble, dans d’autres, le père. Des études récentes révèlent aussi l’influence de facteurs environnementaux et épigénétiques.

L’accès précoce à une prise en charge adaptée améliore nettement le quotidien des familles concernées. Les stratégies éducatives, l’accompagnement médical et les aménagements scolaires permettent de réduire l’impact du trouble et d’ouvrir de nouvelles perspectives.

Comprendre le TDAH : un trouble complexe et souvent méconnu

Derrière ces quatre lettres, TDAH,, toute une réalité s’étend, bien plus vaste qu’un acronyme impersonnel. Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ne se cantonne pas aux bancs de l’école. Il investit les foyers, poursuit son chemin à l’âge adulte. Inattention qui colle à la peau, impulsivité qui dérape au moment où on l’attend le moins, agitation dans le corps ou dans la tête : le vécu du TDAH n’a rien d’un simple moment d’inattention.

Cette diversité, la clinique la classe en trois profils distincts :

  • Dans le trouble attentionnel prédominant, concentration vacillante et difficulté à organiser les tâches imposent leur loi. Un puzzle permanent où mille choses sont commencées, mais jamais terminées.
  • La forme hyperactive-impulsive se reconnaît à l’agitation permanente : agir avant de réfléchir, difficultés à attendre, interventions impulsives dans la conversation ou les situations.
  • La forme mixte, très fréquente chez l’enfant, combine les deux précédentes, rendant le repérage et le suivi parfois complexe.

L’évaluation s’appuie sur les fameux critères du DSM, mais dans la vie réelle, lisser les symptômes ou les réduire à une grille d’observation ne suffit jamais. À l’école, l’enfant se déconcentre en un éclair, oublie la consigne, peine à terminer un exercice. Chez l’adulte, ce sont les oublis, les projets qui s’éparpillent, le quotidien qui part dans tous les sens. Organiser son temps devient une épreuve d’endurance.

Réduire le TDAH à une question de discipline serait faire fausse route. Les chiffres, eux, imposent leur réalité : jusqu’à 5 % des enfants vivent avec ce trouble, et près de 2,5 % des adultes. Impossible alors d’ignorer l’enjeu d’un dépistage précoce et d’un accompagnement coordonné.

Le TDAH est-il transmis par l’un des parents ? Ce que disent les études

C’est désormais clairement établi : la génétique compte, et pas qu’un peu. Quand un parent présente un TDAH, la probabilité que l’enfant soit concerné grimpe nettement, de deux à huit fois selon les études. Pour autant, il n’existe pas de règle universelle : ni la mère ni le père ne détient un « monopole » sur la transmission.

Les suivis familiaux et les travaux sur les jumeaux l’attestent : le trouble peut se transmettre des deux côtés. Souvent, le diagnostic du parent n’apparaît qu’au moment où celui de l’enfant est posé, portrait croisé entre générations. Un adulte qui lutte encore avec des difficultés d’attention ou une impulsivité débordante voit alors, parfois, son propre parcours resurgir dans celui de son enfant.

Mais une simple histoire de gènes ? Pas si simple. Tout se joue aussi dans le quotidien partagé. Les dynamiques familiales, l’ambiance de la maison, la manière d’éduquer et de soutenir : chaque facteur influe sur le développement du trouble. Certaines études chez les adolescents atteints montrent bien comment construction familiale et vulnérabilité génétique se conjuguent, rendant chaque situation singulière, tissée de transmission et d’environnement.

Causes multiples : génétique, environnement et autres facteurs en jeu

Impossible d’attraper le TDAH en un seul mot. Les éléments enchevêtrés rendent chaque parcours différent. Si l’hérédité pose le décor, le contexte vient modifier la pièce : exposition in utero à des substances nocives (tabac, alcool), naissance prématurée, retard de croissance… Chaque paramètre ajoute sa nuance.

Puis, la vie continue de jouer son influence : tensions familiales, précarité, manque de repères ou climats anxiogènes pèsent sur l’équilibre fragile de l’enfant. Le rôle de certains polluants ou du plomb retient aussi l’attention, même si la science n’a pas encore tout éclairci.

On peut synthétiser les grands facteurs impliqués :

  • Facteurs génétiques : implication de plusieurs gènes qui agissent sur la régulation des neurotransmetteurs.
  • Facteurs environnementaux : exposition à des toxiques, complications à la naissance, instabilité de l’environnement familial.
  • Autres influences : difficultés associées, notamment avec les TSA, ou caractéristiques individuelles qui accentuent la vulnérabilité.

C’est cette alchimie qui donne à chaque diagnostic son visage propre. Le bagage transmis par les parents sert de base, mais les expériences de vie, les rencontres, les contextes peuvent tout changer chez un même enfant ou même adulte.

Père et sa fille discutant dans le salon cosy

Parents concernés : conseils pratiques et solutions pour accompagner son enfant

Lorsqu’on est parent d’un enfant souvent inattentif, envahi par l’agitation ou l’impulsivité, difficile de savoir comment agir. Repérer sans tarder les signes caractéristiques, distractions récurrentes, agitation, difficulté à suivre les consignes, devient un premier cap. Le diagnostic, mené en France grâce à une évaluation soignée (souvent pluridisciplinaire et référée aux critères du DSM-5), permet de cerner les besoins et d’élaborer une réponse ajustée.

Différents leviers pratiques permettent d’accompagner un enfant avec TDAH :

  • Adapter l’environnement : offrir un coin au calme, donner des instructions courtes et précises, structurer la journée pour limiter le stress et favoriser la concentration.
  • Valoriser chaque progrès : mettre en avant les efforts, même minimes. Une reconnaissance sincère nourrit la confiance et encourage à persévérer.
  • Ancrer des routines : horaires fixes, petits rituels pour se coucher, plages définies pour les devoirs. La régularité sécurise et guide les repères quotidiens.

Quant au traitement, la priorité va d’abord à l’accompagnement éducatif et psychologique. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) outillent l’enfant pour mieux réguler ses gestes, mieux s’organiser. Dans certains cas, si les obstacles persistent à l’école ou en société, un traitement médicamenteux peut s’avérer nécessaire, mais sous contrôle médical rigoureux.

Le rôle des parents demeure incontournable. Être accompagné psychologiquement, seul ou avec la famille, aide à comprendre le fonctionnement du trouble, à maintenir un cap réaliste et à prévenir la lassitude. Beaucoup constatent d’ailleurs qu’un dialogue constructif avec l’école et les professionnels de santé aide à coordonner les actions et à renforcer les avancées de l’enfant.

La patience tient une place centrale dans ce parcours. Avancer pas à pas, s’appuyer sur chaque étape, c’est ouvrir à l’enfant la possibilité d’évoluer dans un climat plus serein, et parfois entrevoir des progrès qu’on n’aurait pas cru possibles.